HISTOIRE DE LA RÉSISTANCE ARMÉE DANS L'AIN
Enjeux stratégiques et service secrets.
Durant la Seconde Guerre mondiale, le département de l’Ain irrigué par un réseau ferroviaire et routier dense permettant à la Wehrmacht d’assurer le transport de ses troupes, de son matériel et de son ravitaillement, du sud au nord de l’hexagone, ainsi que vers l’Italie, a été un enjeu géostratégique pour les Alliés. Dans cette région frontalière avec la Suisse, et dont l’histoire est riche en péripéties militaires, les habitants ont toujours défendu avec ténacité un territoire régulièrement convoité. En prenant la parole en 1956 devant la monument élevé à la mémoire des morts des maquis de l’Ain, le général de Gaulle exprimait bien ce sentiment général que « les hommes d’ici ne sont pas de ceux qui s’aplatissent ».
À la veille du débarquement allié du 6 juin 1944 en Normandie, on peut établir le constat suivant. L’Ain est le département de la région Rhône-Alpes qui a réceptionné le plus de containers, contenant des armes et des explosifs, parachutés par les avions de la RAF.
Le colonel Henri Romans-Petit se trouve ainsi à la tête de la plus puissante organisation militaire de la région. Les services secrets alliés considèrent qu’elle est la mieux formée aux techniques de guérilla. Les maquis de l’Ain sont davantage armés que ceux de la Haute Savoie et du Vercors. Pour parvenir à ce résultat les services spéciaux britanniques n’ont pas lésiné sur les moyens, six de leurs réseaux se sont intéressés à l’Ain. Pendant toute la durée de l’occupation, 17 tonnes d'explosifs et 14 500 armes sont parachutés.
Pour la Wehrmacht tenue en échec par la multiplicité des commandos de sabotage, les trains ont de plus en plus de mal à circuler, surtout depuis avril 1944. Le réseau ferroviaire est quasiment paralysé au cours de l’été 1944.
Trois grandes opérations de représailles contre le maquis et la population sont menées en février, avril et juillet 1944. L’ampleur des moyens engagés et de la répression démontre que les troupes allemandes sont tenues en échec par la Résistance armée.
Celle-ci ne se limite pas aux maquis proprement dits, elle comprend aussi les FTP, les FUJ, l'ORA, l'AS et les corps francs du SOE, organisations paramilitaires dont on n’a pas assez souligné le rôle important joué durant les combats de la libération de l'Ain.
Cette guerre totale menée contre l'occupant est conduite par trois personnalités hors du commun qui ont défini la stratégie et la tactique à employer. Henri Romans-Petit, Albert Chambonnet et Richard Heslop en ont été les véritables initiateurs, même si pour l’exécution, ils se sont appuyés notamment sur Henri Girousse et Noël Perrotot. Mais cette manière d’envisager la lutte contre l’occupant n’est pas partagée par toutes les composantes de la Résistance, dont certaines sont soucieuses de préserver la population contre les méfaits de l’occupant ou de donner une dimension idéologique à leur combat.
De cette confrontation naît la « question Romans » qui débouche ensuite sur le conflit entre le chef des FFI de l'Ain et Yves Farge, commissaire de la République. Pour raconter ces évènements et analyser cette période, l'auteur a exploité de très nombreux documents souvent inconnus des historiens et détenus par les centres d'archives et de documentation français, allemands, britanniques et américains qui sont aujourd’hui consultables par le chercheur. Ils apportent ainsi un autre éclairage et une approche novatrice concernant l’étude de l’histoire militaire de la Résistance dans l’Ain, en l’intégrant dans un contexte général et non plus seulement local. Le livre apporte aussi une réponse à ceux qui se sont longtemps interrogés sur les véritables motifs qui ont conduit à la mise aux arrêts du colonel Romans-Petit au fort Lamothe, à Lyon le 18 septembre 1944.