Maquis de l'Ain et du Haut-Jura

LE CAS EXEMPLAIRE DE L'ORGANISATION DES MAQUIS DE L'AIN

L'école des cadres et leur formation


La ferme abandonnée des Gorges pour rassembler les premiers réfractaires qui deviendront Maquisards de l'Ain.


Les Gorges de Nivollet-Montgriffon. Une ferme abandonnée, dominée par un immense pré en pente, au fond d'un ravin, un ruisseau à l'eau claire.
A travers les feuillages qui la camouflent, on aperçoit de la façade, les maisons du hameau de Résinand.
Nous sommes au début de Juin 1943, Marius CHAVANT adjoint au maire de la commune, indique au Capitaine MOULIN (Henri PETIT) qui deviendra le Capitaine ROMANS, la ferme abandonnée des Gorges pour rassembler les premiers réfractaires qui deviendront maquisards de l'Ain.

Le 10 juin, dans cette ferme, peu avant midi, se présente un homme trapu au regard direct : MOULIN chef des Maquis de l'Ain. Julien ROCHE lui établira une carte d'identité au nom de ROMANS, domicilé «22, rue de Rozier à Ambérieu en Bugey» (aujourd'hui rue de la République).

Pierre MARCAULT
Pierre MARCAULT

La nuit, près de la vieille église et du calme cimetière de Résinand, baignés par les rayons de lune, des ombres rôdent.
Tous ceux des premiers rendez-vous de la grange de Faysse, pendant l'hiver, s'y retrouvent avec les maquisards, parmi lesquels Louis JUHEM de Corlier dont toute la famille est engagée dans la résistance, dont le père et deux de ses fils laisseront leur vie.
Des liaisons s'organisent, des projets prennent corps, une école des cadres naît avec Pierre MARCAULT comme instructeur.
Le ravitaillement est assuré par Marius CHAVANT, son fils Jean et sa fille Andrée qui deviendra Mme Jean MONNIER.

A l'aube d'un 14 juillet ensoleillé, des visiteurs arrivent de tous côtés à la ferme de Terment. La résistance de l'Ain se groupe pour cette fête nationale interdite par Vichy, le drapeau tricolore claque au vent, avec sa croix de Lorraine. En ces jours de pauvreté, le repas, préparé par Marcel DEMIA est plantureux, le vin abondant, inoubliable journée de joie et d'union.

Ce jour là, ROMANS en uniforme, Lucien BONNET (DUNOIR) et CHABERT, représentant le colonel Albert CHAMBONNET désignent Pierre MARCAULT pour récupérer les réfractaires de Marius MARINET installés au Gros Turc. Abusant de son privilège de l'âge, Jean VAUDAN (VERDURAZ) charge Charles FAIVRE de la réception des autorités. C'est à partir de cette date que seront constitués les premiers groupes qui formeront l'ébauche des maquis de l'Ain.

Et puis, par un soir d'orage, les nouveaux promus de l'école des Gorges vont gagner Granges, Cize, Chougeat, Corlier, le Retord; les maquisards jusqu'alors isolés dans les montagnes s'y regroupent, les camps du maquis sont formés.

Les premières semaines sont dures, le ravitaillement rare, mais, à la fin du mois, des armes parachutées à l'A.S. de André FORNIER (VIRGILE) et Maurice MORRIER (PLUTARQUE) arrivent.

Les coups de mains les plus audacieux vont alors se succéder. Equipement et nourriture sont assurés par les raids sur les chantiers de Jeunesse d'Artemare et l'Intendance de Bourg. Maintenant ce sont des opérations de sabotage. Les transports roulent chaque nuit, avec la complicité de la merveilleuse brigade de Gendarmerie de Brénod.

Il ne reste plus qu'à rallier les hésitants, à décider de l'aide alliée par une démonstration de force, au grand jour.

Le 11 novembre 1943, anniversaire de la victoire, par un clair matin d'automne, des colonnes de camions sillonnent les routes du Valromey, dirigeant sur Oyonnax les maquisards du Retord, de Terment, de Cize et de Chougeat.

Quelques heures plus tard, au commandement du Capitaine ROMANS-PETIT, ces hommes, précédés de leurs officiers et chefs de camp MONTRÉAL, CHABOT, VERDURAZ, MARCAULT, MICHEL, DE LASSUS, défilent dans un ordre parfait dans la ville d'Oyonnax, neutralisée rapidement par les effectifs du Lieutenant BRUN.
Raymond MULARD, entouré de sa garde, porte le drapeau et Julien ROCHE la gerbe à croix de Lorraine.
Un instant surprise, la population se masse sur le parcours. Selon l'ordonnance de la manifestation, préparée avec minutie par RAVIGNAN et JEANJACQUOT et l'A.S. locale, le défilé s'immobilise devant le Monument aux Morts.

Devant ces soldats figés au garde-à-vous, face au drapeau du maquis et à sa garde d'honneur, gantée de blanc, le Capitaine dépose la gerbe portant ces mots :
« Les vainqueurs de demain à ceux de 14-18 ».
De la foule, spontanément, s'élève une vibrante Marseillaise.

Le départ vers la solitude des montagnes se déroule dans un enthousiasme indescriptible, mais avec ce sang-froid, cette célérité qu'ont admiré les Oyonnaxiens.

Souvenirs déjà lointains, premières victoires, mais aussi premiers deuils, BOB, l'agent de liaison des Gorges, le Dr MERCIER, chef de l'A.S. de Nantua, le Lieutenant Edouard BOURRET (BRUN), Paul SIXDENIER, FELIX, Marcel GRUMMAULT, PROSPERO, Julien ROCHE, ABEL, LESOMBRE sont tombés.
Mais le sacrifice de ces pionniers n'aura pas été vain : le maquis de l'Ain est apte à présent à résister aux assauts de février et d'avril et à poursuivre le combat jusqu'à la Libération.

Ci-dessous :
Documents manuscrits de ROMANS dès sa nommination officelle comme responsable de la mise en place des maquis de l'Ain.

Message : de ROMANS à MARCO, 13 août 1943
Message : de ROMANS à MARCO, 13 août 1943
Nomination de Pierre MARCAULT par le Capitaine ROMANS (il signe ROMAND) comme chef de Camp, codé CRISTAL III. Note manuscrite du 13/08/43, source : Pi
Nomination de Pierre MARCAULT par le Capitaine ROMANS (il signe ROMAND) comme chef de Camp, codé CRISTAL III. Note manuscrite du 13/08/43, source : Pi
Lexique des sigles
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