Maquis de l'Ain et du Haut-Jura

SOUVENIRS

La paix revenue, quelques maquisards en visite chez leurs amis britanniques du 2 au 5 nov. 1987


Une délégation de l'A.M.A.-H.J. chaleureusement accueillie par les pilotes anglais qui ravitaillèrent les maquis de l'Ain


Une fraternité d'armes ressourcée : ainsi pourrions nous définir la démarche exaltante accomplie par trois responsables de l'A.M.A.-H.J. début novembre.
Les maquisards de l'Ain et du Haut-Jura savent mieux que quiconque, eux qui vécurent si intensément les terribles «nuits sans ombre» qu'évoquait admirablement Alban VISTEL, que l'espoir alors venait souvent du ciel.
Respect ou symbole : c'est le ciel qu'a choisi Marius ROCHE (bien placé puisqu'il est Président de l'Aéro Club de Bourg) pour conduire ses compagnons jusqu'aux terrains d'envol britanniques, sur les lieux mêmes d'où décollèrent les avions porteurs d'espérance dont la noble mission était de ravitailler les maquis de chez nous. Un petit avion a donc quitté Bourg pour l'Angleterre, et répondre ainsi à l'invitation d'amitié qui leur fut adressée. Le Président Henri GIROUSSE, Louis BLETEL et Marius ROCHE, pilotés par le chef pilote Jean SOUBEYRAND ont pu ainsi, durant trois jours, exprimer la reconnaissance des anciens maquisards de l'Ain à leurs alliés de la R.A.F. et visiter les terrains d'où s'envolaient les appareils alliés.
Accueil chaleureux s'il en fut... Nos amis britanniques furent sensibles à ce pèlerinage de ceux qui, quelque part dans l'Ain, se battaient pour la liberté. Marius ROCHE a rapporté de ce voyage de la fraternité un «carnet de notes» à l'intention de ses camarades de l'A.M.A.-H.J.
De part et d'autre, les impressions échangées furent fortes, chargées d'une émotion pure et animée d'un grand élan fraternel. Les années n'ont pas effacé les souvenirs, et nos représentants ont pu apprécier combien était demeurée vive l'amitié franco-britannique, forgée dans les années de résistance à l'occupant.
Mais laissons Marius ROCHE faire le récit chronologique de ces journées.

Claude GARBIT

Après avoir honoré nos morts au Monument de Cerdon le 1 er novembre, une délégation des Anciens des Maquis de l'Ain et du Haut-Jura a décollé le lendemain de l'aérodrome de Bourg-Ceyzériat sur un avion de l'Aéro-Club de Bourg, piloté par le chef pilote Jean SOUBEYRAND, colonel en retraite de l'armée de l'Air, à destination de Londres.

Cette délégation se compose du Président de l'A.M.A.H.J., le Colonel H. GIROUSSE, de moi-même et de Louis BLETEL qui, au dernier moment, remplace Paul JOHNSON lequel vient d'avoir quelques petits problèmes de santé.
Il s'agit pour nous de répondre à une aimable invitation de nos amis britanniques, anciens pilote de la Royal Air Force, qui ont opéré dans l'Ain durant la dernière guerre mondiale dans le cadre des missions spéciales.
Pendant l'escale à Southampton pour la douane, nous sommes frappés par le coquelicot que portent à leurs boutonnières femmes et hommes. Nous apprenons que ce coquelicot est le symbole du sacrifice des soldats britanniques durant la première guerre mondiale.
Un poème évoque le sang rouge des soldats mélangé avec les coquelicots des champs de Flandres. Ce symbole est vendu dans toute l'Angleterre pendant une semaine au profit des victimes de guerre (notre bleuet en France).

A l'atterrissage à Goodwood Airfield, notre destination, nous sommes accueillis par nos amis l'Air-chief Marshal Sir Lewis HODGES K.C.G. - C.B.E. - D.S.O. - D.F.C. President of the Tempsford Association et le group captain H.B. VERITY D.S.O. - D.F.C. (l'auteur du fameux livre «Nous atterrissions de nuit»).
H. VAN MAURIK (PATTERSON) fait partie également de ce «comité d'accueil». Il fut réceptionné au bout de son parachute le 5 janvier 1944 à Izernore. Il avait tenu à revoir ses amis de l'Ain.
Accueil donc extrêmement sympathique suivi d'un excellent repas dans une auberge proche de l'ancien terrain de Tangmere, aujourd'hui rendu à la culture mais où se trouve aménagé un musée privé riche en souvenirs.

En effet, nous avons sous nos yeux les restes d'avions allemands descendus par la R.A.F. au cours de la célèbre bataille d'Angleterre, dont une carcasse de M.E. 109 chasseur allemand, des éléments d'avions, ainsi que des équipements de pilotes ennemis, des décorations, de nombreuses photos et des témoignages de hauts responsables de la R.A.F. Tout cela, croyez-moi très impressionnant.

Puis ce fut la visite du cottage de Tangmere où se tenait la base opérationnelle 161 Special Dutres Squadron Lysander Flight où nous sommes reçus par la propriétaire Mrs Barbara WARD qui nous accueille dans le séjour (ancienne salle d'opération) où le thé et les gâteaux sont de qualité. Pour nos pilotes britanniques c'est la première visite en ce haut lieu, riche en souvenirs, depuis la fin de la guerre et l'émotion se lit sur leur visage au souvenir de tous ceux qu'ils ont déposés ici, les Jean MOULIN, Général DELESTRAINT, BROSSOLLETTE, Richard Harry HESLOP (XAVIER) notre ami des maquis de l'Ain pour lequel nous avons une pensée émue.

Visite de la petite église de Tangmere où une plaque à la mémoire des Morts de toutes les Résistances d'Europe est toujours fleurie.
Ce même soir, repas de réception au Special Forces Club 8, Herbert Crescent, Knightsbridge London. Dans le grand escalier du hall central figurent les photos de tous les disparus de toutes les nationalités. En bonne place, Jean MOULIN; les Anglais soulignent bien l'action de la résistance française.

Le lendemain mercredi matin, c'est la visite de Tempsford, le Group Captain Ken BATCHELOR C.B.E.-D.S.O.-D.F.C. ne peut nous accueillir, retenu au lit par une forte grippe. Nous le regrettons tous, car il devait nous donner force renseignements techniques sur les avions parachuteurs, les équipages et le matériel adapté aux opérations qui furent très nombreuses en Europe occupée.

Sur ce terrain également rendu à la culture (400 ha) subsistent encore quelques éléments de pistes en béton. De ce terrain sont partis tous les agents à destination des pays occupés par les Forces de l'Axe; Norvège, Belgique, Pays-Bas, Danemark, Hollande, France. La baraque dans laquelle s'équipaient les parachutistes est conservée par l'actuel fermier, très fidèle au passé, dont le bureau est un véritable musée. Notre ami PATTERSON, qui est passé là le 5 janvier 1944 avant son atterrissage sur notre terrain d'lzernore, évoque quelques petits souvenirs personnels.

Cet agréable et émouvant séjour se termine dans l'après midi par la visite du Royal Air Force Museum Heudon, où nous admirons la collection d'avions remarquablement conservés : depuis ceux de 14-18 jusqu'à ceux de 39-45, dont les fameux Spitfire, Hurricane, Tempest, Halifax, Lancaster qui restent les témoins de combats ou de bombardements aériens décisifs pour la victoire des nations libres.

Cette victoire pour laquelle l'Angleterre a apporté sa contribution tout d'abord isolée et à laquelle nous rendons hommage, contribution solide et efficace de la victoire.

Merci à nos amis. Que cette visite puisse être suivie d'autres, soit en Angleterre, soit en France. Ainsi, seront mieux marqués les liens qui nous unissent.
Encore merci à Hugh VERITY pour la parfaite organisation de ce séjour dont il fut le vigilant leader.

Marius ROCHE
Président du Mémorial des Maquis de l'Ain et de la Résistance

Accueil sur le terrain de Goodwood Airfield - De gauche à
droite : Jean SOUBEYRAND, Sir Lewis HODGES, Henri GIROUSSE,
Marius ROCHE, Louis BLETEL
Accueil sur le terrain de Goodwood Airfield - De gauche à droite : Jean SOUBEYRAND, Sir Lewis HODGES, Henri GIROUSSE, Marius ROCHE, Louis BLETEL
Lexique des sigles
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