Maquis de l'Ain et du Haut-Jura

LES SERVICES SECRETS DE LA FRANCE COMBATTANTE

Mission VAN MAURIK dit «PATTERSON»



Dans un rapport du B.C.R.A. en date du 28 janvier 1944, où sont présentées les conclusions de l'entretien qui a eu lieu entre CHURCHILL et d'ASTIER DE LA VIGERIE, Lord SELBRONE précise que « Le Premier ministre a décidé de fournir un gros effort pour l'armement des maquis, laissant en deuxième priorité les opérations normales par le SOE ... les désirs du Premier ministre sont de procéder par priorité à l'armement des régions R1, R2 et R6. L'Ain étant l'un des départements compris dans la région RI.»

Il y a aussi un autre personnage clé qui contribue par sa présence sur les lieux mêmes, à l'armement des maquis de l'Ain. C'est Ernest HenrI VAN MAURIK, alias PATTERSON, qui est officier d'état-major auprès du général Colin GUBBINS patron du SOE. L'antenne des services spéciaux anglais qui fonctionne au sein de la légation britannique à Berne dispose de personnel insuffisant en nombre, alors que le travail redouble en raison du développement de la Résistance en Italie et en France. Surmené, son responsable a dû être hospitalisé en raison du surcroît de travail. Quand l'information est connue à Londres, il est décidé qu'un officier serait affecté à la légation de Berne. La décision est prise de parachuter VAN MAURIK dans le secteur du réseau «MARKSMAN» situé le long de la frontière Suisse. Le terrain choisi est celui d'lzernore, à 7 km au nord-ouest de Nantua. Le parachutage est prévu dans la nuit du 4 au 5 janvier 1944, mais il échoue le terrain étant noyé dans le brouillard. Le HALIFAX de l'escadrille 138 est obligé de revenir sur l'Angleterre.

Finalement, la deuxième tentative est la bonne. Dans la nuit du 7 au 8 janvier 1944, il est reçu au sol sur ce terrain d'Izernore, par Richard Harry HESLOP, ROMANS (Henri PETIT), Julien et Marius ROCHE et Paul DEBAT responsable du SAP. Pendant une dizaine de jours, celui qu'on appelle PATTERSON visite les camps du maquis situés au-dessus de Brénod et d'Hôtonnes, alors qu'il avait reçu comme instruction de se rendre en Suisse dès son arrivée. Mais il juge utile de les connaître. Il se rend tout d'abord au PC de ROMANS à la ferme du Fort, qu'il découvre après une longue marche dans la neige. Il passe en revue une quinzaine de maquisards, et il a la surprise de découvrir deux drapeaux, l'un tricolore avec une croix de Lorraine, l'autre, une copie faite maison, mais certainement reconnaissable comme étant l'Union Jack. » Puis, ces hommes « chantent leur propre version du « God Save the King » suivie par une interprétation plus assurée de la Marseillaise».
ROMANS a convaincu son interlocuteur. Au terme de cette tournée d'inspection, « J'ai mémorisé, raconte VAN MAURIK, l'emplacement et la force des divers camps et composé dans ma mémoire visuelle le long télégramme que je voulais expédier de Berne. » Après le 15 janvier, ROMANS le conduit en Suisse avec la complicité de passeurs du pays de Gex.

PATTERSON se fait passer auprès des autorités helvétiques pour un aviateur de la RAF dont l'avion a été abattu en France. Séjournant d'abord au consulat britannique de Genève, il rejoint au mois d'avril 1944 la légation de Berne. En Suisse, VAN MAURIK a surtout comme actif correspondant Anthony BROOKS. Ainsi, les messages radio du réseau «PIMENTO», qui permettent d'organiser les parachutages dans la Dombes et la Bresse, sont transmis à Londres par l'antenne SOE de Berne, René BERTHOLLET assurant les liaisons.

Le SOE et le War Office disposent en janvier 1944 de suffisamment de données pour évaluer le potentiel militaire des maquis et de la Résistance armée dans l'Ain. Tous les agents du SOE envoyés en mission dans le département y ont contribué, comme Richard HESLOP D'autre part, deux officiers proches du patron du SOE,Yéo THOMAS et Ernest Henry VAN MAURIK, confirment l'excellente organisation des camps .

Mais il est évident que Richard HESLOP a joué un rôle capital car, à partir du début de l'année 1944, les maquis de l'Ain recevront plus d'armes que les autres alors qu'ils étaient moins nombreux. La montée des maquis, explique Jean Louis CREMIEUX BRILHAC, est un phénomène dont les Anglais, puis les Américains, ont dû prendre conscience. L'appel est devenu de plus en plus pressant. Des demandes d'armes ont été transmises notamment par les agents anglais comme HESLOP C'est seulement en janvier- 1944, lorsque le débarquement fut décidé et alors que le général EISENHOWER s'installait à Londres que, sous la pression de DE GAULLE, d'ASTIER et des résistants, la décision fut prise d'armer la résistance. »

Patrick VEYRET

Lexique des sigles
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