Maquis de l'Ain et du Haut-Jura

LES SERVICES SECRETS ALLIES

Les missions spéciales 1942-1944


R.A.F. et U.S.A.A.F. (Les atterrissages clandestins)


A Pont-de-Vaux, le général DE LATTRE DE TASSIGNY avant son envol...
Marcel SANDEYRON, de Pont-de-Vaux, après son stage en Angleterre, devient chef de terrain (réseau Azur) assisté de « Mémé », BROYER, Jean FAVIER et de toute une équipe de la région des bords de Saône. Ils réalisent plusieurs opérations dont celle du départ du général DE LATTRE DE TASSIGNY le 19 octobre à Manziat (terrain codé Aigle). Joseph GUILLERMIN et Paul BRUN appartiennent au réseau de renseignements Hunter et participeront à de nombreuses opérations.

Lysander britannique
Lysander britannique

L'équipage de cette mission est composé d'Hugh VERITY, pilote, LIVRY-LEVEL un Français, comme navigateur, et le mitrailleur Eddie SHINE.
Paul RIVIERE (pseudonyme CHARLES HENRI) ayant pour adjoint Jean TRIOMPHE (pseudonyme PAULETTE) coiffent le S.A.P. au niveau régional. De nombreuses opérations nocturnes effectuées avec succès démontrent que la Résistance de l'Ain a bien rempli les missions qui ont permis à nos alliés et à DE GAULLE d'unir les contacts indispensables avec de nombreuses personnalités politiques et militaires de la métropole.
Ce sont ces liaisons France-Angleterre-France, dont l'utilité historique a été reconnue par nos alliés, qui ont été désignées sous le terme de «missions spéciales ».

Il faut rappeler ici quelques noms de chez nous. Ceux qui, près des rives de la Saône, composaient la formidable équipe animée par Aimé BROYER, dit Mémé, et son épouse Georgette. Il s'agit de Fernand BENOÎT, Raymond BENOÎT, Charles BERTHOUX, Jean BOYAT. Robert BROYER, Robert CHARRON, Édouard CONSTANT, Célestin CONTET, Joseph FÉLIX, Joannès FERNAND. Georges FEYEUX, Marius MARGUIN, Eugène MAURIZE, Henri NILLION, Roger PARIZET, Paul PREVEL, Marcellin PREVEL, et Roger RENOUD-GRAPPIN.

Tous ont pris beaucoup de risques et certains d'entre eux ont reçu les remerciements de sa Majesté britannique ou d'EISENHOWER, commandant suprême, comme ce fut le cas de Georges FEYEUX.
Avec le terrain AIGLE à Manziat, deux autres terrains ont été utilisés sur le secteur C7 pour les atterrissages de Lysander ou de Hudson, MARGUERITTE à Feillens et JUNOT à Sermoyer. La première opération s'est déroulée le 1er septembre 1942 sur JUNOT et la dernière le 1er septembre 1944 également sur JUNOT. En deux ans, 19 opérations ont été prévues, et 12 seulement ont été réussies, autant que l'on puisse se référer à certaines archives.

Outre le général DE LATTRE et Claudius PETIT, parmi les personnalités ayant transité par ces terrains, on peut citer BOUCHINET-SERREULLES, FRENAY, J.-P. LÉVY, d'ASTIER DE LA VIGERIE, Henri DESCHAMPS (de Miribel), Richard Harry HESLOP (XAVIER), Jean ROSENTHAL (CANTINIER), GUILLERMIN, CHABAN-DELMAS, JARROT, CARRÉ, QUEUILLE, MAYER, RUCART, MAYOUX, JOHNSON (PAUL dans les maquis de l'Ain)...

Nom de code des terrains de l'Ain
- JUNOT, 3 km, ouest et nord-ouest d'Arbigny ;
- AIGLE, 2,5 km, nord nord-ouest de Manziat ;
- MARGUERITTE, 2,5 km, nord-ouest de Feillens ;
- FIGUE 2,500 km, nord-ouest de Saint-Vulbas ;
- LIEVRE 4 km, nord-est de Loyettes
Izernore au sud du village, à l'est de la route d'lzernore à Béard.
A noter que les cinq premiers terrains furent utilisés par la Royal Air Force, et celui d'Izernore par la United State Air Force (8 opérations à partir du 8 janvier 1944).

Izernore : nuit du 6 au 7 juillet 1944, opération Dakota

Premier atterrissage en France occupée en mission d'aide aux maquis de l'Ain et du Haut-Jura
Owen Denis JOHNSON (capitaine PAUL) officier américain, radio de la mission interalliée, maquisard de France, rappelle ce que fut, dans l'Ain, la périlleuse opération Dakota.
Nous apprécions d'autant mieux ce témoignage à propos d'un épisode aérien de la guerre, qu'il a été écrit par un Américain, grand amoureux de la France et d'abord des pays d'Ain, où il vécut, la paix revenue.
«Le terrain d'Izernore avait déjà été sélectionné avant la guerre par l'administration et avait été préparé sinon aménagé par l'armée de l'Air française pour servir de terrain de réserve possible.
«En automne 1943, sur l'initiative des frères Julien et Marius ROCHE, Richard Harry HESLOP (XAVIER) avait fait homologuer Izernore à Londres comme terrain de parachutages. Début janvier un officier anglais fut parachuté sur le terrain. Le camp MICHEL, du groupement MONTREAL, assurait la réception de cet officier, de son vrai nom Ernest Henri VAN MAURIK et pseudo «PATTERSON».

«Enfin, c'est le 6 juillet que le premier atterrissage d'un Dakota en France occupée a eu lieu, et ceci sur le terrain d'Izernore, piloté par un colosse, le colonel HEFLIN qui commandait l'unité du 8° Air Force U.S. chargé des opérations de ravitaillement de la Résistance.
«Il était prévu que le Dakota passerait la journée du 7 juillet sur le terrain, car les nuits du début juillet étaient trop courtes pour permettre à l'avion de rentrer en Angleterre.
Ainsi, le groupement MONTREAL des maquis de l'Ain avait été chargé de préparer près du hameau de Bussy en bordure du terrain d'atterrissage et au pied des collines, une «planque» où l'avion pourrait rester camouflé pendant le jour. Le maquis avait coupé et transporté une petite forêt de sapins pour entourer l'appareil et le rendre invisible.
«Le terrain orienté nord-sud était en partie planté de céréales, ce qui aidait à dépister les «mouchards» boches. En effet, les Allemands ayant repéré le bruit des moteurs à l'arrivée, mais pas de bruit signifiant le départ, ont envoyé leurs petits FIESELER 156 Storch de reconnaissance à partir de la base d'Ambérieu dès le matin très tôt. Ils ont tourné autour de la plaine de Port, déjà utilisée pour un parachutage massif de jour mais n'ont rien repéré à Izernore.

«L'attaque générale allemande contre notre zone libérée était déclenchée lé 11 juillet, ce qui suspendait temporairement le programme des atterrissages, mais le mois d'août a vu de multiples opérations Dakota sur Izernore. On avait l'impression de devenir un peu gare de triage, car des gens affluaient de Londres sur Izernore avec toutes sortes de «missions secrètes» pour des destinations tous azimuts en France.


Le Dakota : un des trois outils de la victoire, selon EISENHOWER

«Il y eut même un Dakota en panne. Resté sur le terrain pendant plusieurs jours, il fut réparé par son équipage, aidé par l'équipage d'un bombardier Liberator immobilisé sur le terrain de Port, et par une équipe du groupe transport «les joyeux du garage», de Jean MIGUET, à Hauteville. Cet avion fut de retour en Angleterre début septembre faisant le bonheur de son escadrille qui avait fait une croix dessus ! Ont profité de ce voyage les lieutenants LOUISON, VERDURAZ et LUDOVIC, les bras chargés de bouteilles de Roussette de nos «amis» VARICHON et CLERC. A Londres, ils avaient rejoint le colonel ROMANS, et moi-même...

«... Revenons enfin, au premier atterrissage du Dakota le 6 juillet, un événement dans l'histoire du maquis de l'Ain. Cet avion a amené des renforts à la mission interalliée : le docteur PARKER, dit PARSIFAL. l'instructeur d'explosifs Gordon NORBABLE dit BAYARD, un adjoint au groupe radio, Canadien, Marcel VEILLEUX, dit YVELOT. Quand il est reparti, il a emmené XAVIER, qui voulait plaider notre cause de vive voix, et Loulette MIGUET (soeur de Jean MIGUET) qui envisageait de suivre un entraînement pour être parachutée, quelque part en France... et enfin nos deux aviateurs alliés rescapés d'un vol RAF, dont l'avion a été abattu au dessus de la France, vétérans du maquis, CANADA et ROSBIF, qui laissaient bien des souvenirs derrière eux.

«A la vue de ces gars, tous en uniforme, le patron avec son flair de publiciste, avait immédiatement conçu le projet de faire visiter des différentes formations du maquis pendant la journée où ils devaient rester chez nous. Il voulait montrer le maquis aux Américains et les Américains au maquis. Chaque visite se terminait obligatoirement avec un petit coup de pif - le vin d'honneur - comme on dit. Je crois me souvenir qu'ils ont achevé la tournée à Maillat où Maurice DECOMBLE, chef de section du camp MICHEL, faisait fonction de maire et avait déniché, libéré, deux bouteilles d'absinthe. C'était, pour mes compatriotes, le coup de grâce...

«Je me rappelle avoir envoyé un message d'urgence à Londres ce soir-là, de notre PC. qui était au château de Wörle, et ce message disait à peu près «conditions atmosphériques épouvantables - stop - décollage Dakota impossible - retardé d'encore 24 heures.»
«Au fait, l'orage menaçait, ce soir-là, on l'entendait gronder au loin. Six jours plus tard, il éclatait : les foudres déchiraient le ciel, lâchant des hordes, des torrents de verts-de-gris. Finie la vie de château, on a retrouvé la forêt d'où nous étions sortis.»,!

Owen Denis JOHNSON (Capitaine PAUL)

Radio Londres : exemple de messages radiophoniques (.mp3)

Radio Londre : Quelques messages personnels !


L'équipage du Dakota d'Izernore (nuit du 6 au 7 juillet 1944)
L'équipage du Dakota d'Izernore (nuit du 6 au 7 juillet 1944)
Lexique des sigles
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