Maquis de l'Ain et du Haut-Jura

LE CAS EXEMPLAIRE DE L'ORGANISATION DES MAQUIS DE L'AIN

Le profil des camps fin 1943


La guérilla excluait les concentrations d'hommes trop importantes, facilement repérables, donc vulnérables, difficiles à encadrer et à contrôler.


De petites unités mobiles, souples, autonomes, reliées entre elles et au poste de commandement par un système de liaison éprouvé, étaient plus efficaces et viables.
Le capitaine ROMANS limite l'effectif d'un camp à une soixantaine d'hommes. Au-dessus de ce chiffre, l'administration d'une unité est trop lourde, au-dessous, il est difficile d'assurer correctement le service de guet, les corvées de ravitaillement et de camp et les séances d'instruction.

«La Croix» lieu de rassemblement entre Hotonnes et les Plans pour les camions du camp Morez le 11/11/1943 en vue du défilé historique d'Oyonnax. Il était aussi un point de repère pour accéder aux fermes de Morez, Deschapoux et Combettes
«La Croix» lieu de rassemblement entre Hotonnes et les Plans pour les camions du camp Morez le 11/11/1943 en vue du défilé historique d'Oyonnax. Il était aussi un point de repère pour accéder aux fermes de Morez, Deschapoux et Combettes

Bien qu'on inculque aux cadres les éléments d'une même doctrine de guérilla, une certaine diversité confère à chaque camp sa propre originalité. Des contrastes, des particularités se dégagent, en fonction du tempérament et des idées du chef de camp, des sources de recrutement de chaque unité.

- le camp Verduraz :
Ce camp a été formé par le Capitaine Henri PETIT (ROMANS) en juillet 1943 à la ferme de Terment.
Fin 1943, le camp comprend environ 45 hommes, commandés par Jean VAUDAN (VERDURAZ), assisté d'Hubert MERMET, un élément incontournable des camps maquis.

- le camp de Morez
La ferme de Morez, ouverte à la mi-août, abrite les réfractaires de la région de Bellegarde, chassés du Trou du Gros Turc par une opération GMR (Groupe Mobile de Réserve).
Fort d'une quarantaine d'hommes dès août 1943, le camp, suite à l'afflux de réfractaires et de volontaires, est divisé en 2 unités le mois suivant avec celui des Combettes.

L'ensemble est placé sous le commandement de Pierre MARCAULT. Les frères Julien et Marius ROCHE, Charles FAIVRE, GRELOUNAUD, Roger TANTON, Jacques THEROND, Christian FINALY forment l'ossature des camps de Morez.





- le camp des Combettes situé à 1 km de celui de Morez
Il a été créé le 10 octobre 1943 par le prélèvement de maquisards sur le camp de Morez. Maurice NICOLE, transfuge de l'organisation TODT, en est l'animateur avec Jean-Baptiste ZWENGER.
Le camp des Combettes a pour caractéristique la grande diversité des origines géographiques de ses éléments.
Fin 1943, ils sont une cinquantaine.

- le camp de Pré-carré
Créé début novembre par de LASSUS, le camp de Pré-carré s'était implanté au nord d'Hotonnes. Fin 1943, l'effectif du camp ne dépasse pas la cinquantaine d'hommes. Le père SEIGLE est également à l'origine de la création de ce camp.

- le camp de Chougeat
Implanté depuis mars 1943 au signal de Chougeat, ce camp était le plus ancien du département. Cette qualité «d'ancêtre» lui conférait un certain prestige. HYVERNAT, PIOUD, PERRIN, ECQUOY sont parmi les pionniers.
A cette époque, il regroupe une soixantaine de réfractaires.

- le camp de GrangesLevée des couleurs au camp des Granges
Ce camp a été formé le 19 septembre 1943 par la fusion de 2 groupements de réfractaires menacés par les forces de répression : Catane de Prosper MIGNOT et Sièges avec JOYARD, et VAREYON-DET
Constitué de groupes déjà soudés par quelques semaines de clandestinité et d'apprentissage du maquis, Granges a très tôt été d'une solide cohésion, animé par Georges BENA, PAUGET, DECOMBLE et DEGOUTTE.
Fin 1943, le camp regroupe 60 à 70 hommes.

Ci-contre,
la levée des couleurs au camp des Granges






- le camp de Cize, commandé par Charles BLETEL
Créé en juin 1943, le camp de Cize demeure jusqu'à la fin 1943 au dessus de Chalour sur la falaise dominant le barrage de Cize-Bolozon.Levée des couleurs au camp de Cize en septembre 1943
Charles BLETEL et Edouard BOURRET (BRUN), sont bien épaulés par les SIXDENIER, BUFFAVENT, GUILLOT, BIDE, LOUVEAU, BONDUE entre autres.

Le développement de ce camp correspond au déclin et à la dissolution de celui de Chavannes. Point de départ des hommes du coup de main sur l'usine du Creusot le 16 décembre 1943.
Le 14 juillet 1944, Charles BLETEL est fusillé par les allemands à Echallon. Il sera remplacé par Edouard CROISY jusqu'à la libération.
Levée des couleurs au camp de Cize en septembre 1943






- le camp de Georges BENA dit «MICHEL»
Ce camp exemplaire par sa discipline est installé à la ferme de Pray-Guy à Brénod en novembre 1943. Prospert MIGNOT, Pierre JEANJACQUOT, Roger LUTRIN dit MARCEL, Paul PAUGET dit ROBERT, Georges GOYARD dit GABY, André JUILLARD dit GOYOT, Roger DEGOUTTE encadrent les 80 hommes de ce camp, en particulier chargé de la protection rapprochée du PC et de la mission interalliée installés à la ferme du Fort sur Brénod.

le camp ROLLAND
Il sera formé un peu plus tard.

Parmi tous ces camps, le camp de Morez a été choisi pour être visité par la mission interalliée ROSENTHAL (CANTINIER) et HESLOP (XAVIER), le 1er novembre 1943 en présence du Capitaine ROMANS.
Ce jour là, Pierre MARCAULT en opération extérieure a choisi Julien ROCHE pour présenter le camp où flottait le drapeau à croix de Lorraine (uniquement pendant cette cérémonie).
Etaient présents à cette cérémonie, outre ROMANS, Edouard BOURRET (BRUN), et Maurice MORRIER (PLUTARQUE)

Conclusion de la commission : «Magnifique tenue, équipement parfait et armement assez poussé, moral très haut.»


Effectif des maquisards début janvier 1944

Le cahier des effectifs maquisards répartis dans les camps des groupements nord et sud placés sous le commandemant de ROMANS PETIT début janvier 1944 est arrêté au nombre de 454.

Il est probable que la marge d'erreur possible tourne autour d'une trentaine d'hommes déclare Marius ROCHE, qui s'est chargé d'établir ce cahier au poste de commandement départemental.
Ce chiffre se rapproche de celui de 485 (qui parait plus probable aux données chiffrées) transmis à Londres par l'opérateur radio de la mission interalliée O.D. JOHNSON.

Avec l'accord du Colonel Henri GIROUSSE, ce cahier a été déposé aux Archives Départementales de l'Ain le 13 octobre 1994


Les Frères Julien et Marius ROCHE à la ferme de Morez sur Hotonne
Les Frères Julien et Marius ROCHE à la ferme de Morez sur Hotonne
Pierre MARCAULT avec sa «Sten»
Pierre MARCAULT avec sa «Sten»
Lexique des sigles
Partagez sur les Réseaux Sociaux